Comment structurer un récit?

Je me suis lancé dans un projet de fiction, ce mois-ci. J’essaie de suivre le rythme de NaNoWriMo (1700 mots/jour).

Malheureusement, je suis encore bien en dessous. Peut-être à cause du fait que j’explore l’histoire sans avoir établi de plan. Pour en avoir le coeur net, quelques-unes de mes séances d’écriture ont été utilisée pour esquisser un plan. J’ai ressorti une très belle collection de billet compilée dans le PDF “The Plot Thickens, Mwahahah” de Jordan McCollum. Il est disponible gratuitement en anglais sur son site.

Chaque méthode a de bons et de mauvais côtés. Certaines vous correspondront et d’autres pas. Je vous en présente deux très populaires: la première avec laquelle je n’arrive pas à travailler et la deuxième qui m’aide beaucoup.

La méthode du flocon de neige

La méthode du flocon part d’une forme simple et s’inspire des fractales pour faire pousser une histoire complexe. Il convient de résumer son histoire en une phrase, puis de l’étendre sur un paragraphe et ensuite, de travailler sur les personnages. Si elle permet d’ajouter des péripéties petit à petit en gardant le contrôle de l’histoire, elle ne guide pas vraiment la structure du récit dans son ensemble et peut conduire à une paralysie analytique, comme le dit Jordan McCallum. Pour en savoir plus, vous pouvez consulter le guide écrit par Randy Ingermanson, traduit de l’anglais et commenté par Alice Pervilhac (version originale ici).

Le parcours du héros

Si l’histoire a un héros clairement identifié, cette méthode est très bonne. Je la conseille notamment pour les personnes qui doivent rédiger des pages «À propos» pour leurs sites et leurs réseaux sociaux.

Schéma du Voyage du Héro tel que théorisé par Joseph Campbell
« Hero’s Journey » redessiné par Slashme, utilisateur de Wikipedia

Cette structure se base sur les recherches académiques de Joseph Campbell. En étudiant de très nombreux mythes, il a crée cette structure qui serait, d’après lui, suffisamment abstraite pour les décrire tous. Aujourd’hui, de nombreux lettrés voient sa théorie comme un simplification trop grande. Les mérites scientifiques de cette théorie ne nous intéresse pas. Ce qui nous préoccupe ici, c’est l’art de structurer un récit. Pour cet usage, cette structure est très utile.

Un héros clairement défini passe à travers un certain nombre d’étapes:

  • L’Appel à l’aventure: Le héros est confronté à un évènement qui l’appelle à l’aventure et le sort de la situation initiale. Il pourra soit résister à cet appel un moment avant de succomber, soit embrasser sa quête tout de suite.
  • Aide surnaturelle: Dans un deuxième temps, il reçoit une aide sous forme d’un conseil ou d’un outil comme une épée magique. S’il est réticent, la figure qui va l’aider pourra le convaincre de se lancer dans la quête. Peut-être même cherchera-t-elle a le dissuader. Par exemple, dans L’épopée de Gilgamesh, le dieu solaire tente de retenir le roi auprès de ses sujets.
  • Gardien(s) du passage vers l’inconnu: Qu’il s’agisse d’un passage physique ou symbolique, il est souvent gardé par un ou plusieurs personnages secondaires. Par exemple, les hommes-scorpions que rencontre Gilgamesh sur le chemin vers l’au-delà. Ils peuvent être antagonistes et lui créer des problèmes, l’avertir de dangers ou l’aider activement.
  • Épreuves et tentations: Avant d’arriver à son but, le héros devra encore franchir d’autres obstacles et subir de nombreuses tentations. Peut-être fera-t-il fausse route avant de se raviser.
  • Révélations dans l’abysse. Qu’il réussisse ou pas à accomplir son but initial, les abysses du voyage le changent à tel point qu’on peut parler de mort et de renaissance symboliques.
  • Transformation: Dans la section suivante, le héros et le lecteur se rendent compte de l’importance de la transformation subie dans les abysses.
  • Expiation: Grâce à sa nouvelle sagesse ou à ses nouveaux pouvoirs, peut-être va-t-il payer les errements de la situation initiale et promettre de s’amender. De mauvais roi, il devient un bon roi. De mauvais époux et père de famille, il devient bon époux et père de famille, par exemple.
  • Retour dans le monde connu avec la cadeau de la déesse. Tout à la fin, il ramène dans le monde connu les leçons apprises ou les artefacts acquis durant la quête. S’ils les a volés, il peut être poursuivi. Si on les lui a offerts, il peut être accompagné. Dans tous les cas, l’enjeux est qu’il apprenne à en faire bon usage dans sa réalité quotidienne une fois revenu.

Il existe d’autres modèles d’histoires, bien sûr, mais ce sont les seules avec lesquelles j’ai travaillé suffisamment longtemps pour les juger. À mesure que j’en essayerai d’autres, je pourrai les traiter sur mon blog. Voudriez-vous m’indiquer celles que vous préférez dans les commentaires pour guider ma quête 🙂

Créer une fois, publier partout

«Créer une fois, publier partout» est une stratégie éditoriale qui permet de publier sur de multiples canaux tout en faisant des économies. Dans la langue anglaise, cette notion répond au nom de «Create Once, Publish Everywhere» et à l’acronyme correspondant COPE.

Dans cette approche, un dépôt central de contenus structurés envoie les éléments pertinents à chaque canal de distribution (site web, application pour smartphone, télévisions ou montres connectées, etc.) à la demande.

Cette méthode a plusieurs avantages. Elle permet de distribuer le contenu rapidement sur un nombre important de plateformes et de canaux de distribution. De plus, cela permet de faire face à l’apparition (ou la disparition) de canaux de distribution avec une grande souplesse. Par ailleurs, cela permet aussi de faire des économies car seule la version présente dans le dépôt est maintenue.

Bien sûr, avant de mettre en place un tel plan, il vaut mieux avoir une approche mature de la publication en ligne et suivre une stratégie de contenu cohérente.

Si cela vous semble compliqué, ne vous inquiétez pas. Un exemple vous aidera sans doute à mieux comprendre. Un des plus brillants exemples de l’approche «Créer une fois, publier partout» est une refonte initiée par NPR, organisation à but non lucratif qui fédère des radios locales aux États-Unis.

Étude de cas: National Public Radio (NPR) aux États-Unis

Les canaux de communication (applications mobiles Android et iPhone, site web et réseaux sociaux) se sont multipliés. La concurrence entre les éditeurs de contenus a augmenté. NPR a, donc, revu la distribution de son contenu pour réagir rapidement à l’apparition de nouveaux canaux de distribution. Cette présentation de Zach Brand donne des détails techniques assez précis sur le projet.

Grâce à leurs efforts, chaque élément de contenu qu’ils produisent est disponible dans un dépôt de contenu et accessible au travers d’une API. Leurs applications mobiles, leurs sites web, les stations locales participantes et les développeurs indépendants puisent le contenu dans ce dépôt central. Le contenu est stocké sans sa présentation, centralisé et bien rangé.

Une infinité de canaux de distribution

Cette organisation donne la possibilité de servir un nombre théoriquement infini de canaux de distribution sans dupliquer le contenu. Un seul système de gestion de contenu permet de réduire les coûts de fonctionnement tout en permettant d’augmenter largement la diffusion.

Structures répétitives des contenus

Pour pouvoir mettre en place une telle approche, on définit une ou plusieurs unités de base et une structure répétitive au sein de ses unités. Dans le cas de NPR, cette unité est l’histoire ou story. Chaque reportage ou segment sonore est stocké sous forme d’unité dans le dépôt.

Pour que ces histoires gardent tout leur sens dans une variété infinie de contextes différents, les équipes du projet divisent les histoires en une série d’éléments. Pour ce faire, elles utilisent les méthodes de la modélisation de contenu. Celles-ci sont décrites, entre autres, dans un article de Rachel Lovinger traduit par mes soins pour Pompage.net.

Après ce patient travail, chaque unité possède donc:

  • un titre en version longue,
  • un titre en version courte,
  • un chapeau,
  • un chapeau court,
  • une date de publication,
  • une catégorie,
  • une photo disponible en divers formats
  • et j’en passe…

Expérience utilisateur (UX) du système de gestion de contenu

Entrer une nouvelle «histoire» dans le système demande un peu de réflexion et un processus de travail rigoureux. L’interface du système de gestion de contenu facilite l’entrée de ces données par les collaborateurs. Puis, une fois dans le système, l’histoire pourra être présentée de mille façons différentes. Selon le contexte, on présentera la titre long ou le court, le chapeau long ou le court, seulement le texte et pas la photo ou seulement la photo et pas le texte.

L’utilisation de l’API donne une grande souplesse à la présentation du contenu.
Même s’il est difficile de dupliquer ce modèle tel quel, il est possible de s’en inspirer pour rationaliser la production, le stockage et la maintenance de contenus d’entreprise tout en augmentant leur diffusion.